Le blog de Sylvie Etche

ILLUSIONS

Tout commence par une préface magistrale qui donne le ton : janvier 1976, une bombe explose en plein Madrid le jour de la parade des rois mages. Un groupe terroriste revendique l’attentat.

Puis l’auteur nous embarque sur deux routes parallèles, deux récits que nous allons suivre de façon alternée :

Le premier raconte avec un réalisme criant les actions de FIERAS, un groupe qui, dans le sillage de l’ETA, lutte dans l’Espagne des années 70 contre la dictature de Franco. D’ailleurs, l’auteur le précise d’emblée : même si l’histoire principale est une fiction, tous les protagonistes politiques et les évènements contextuels du roman sont authentiques.

Le deuxième débute 30 ans plus tard par une classique histoire d’amour : en déplacement à Mexico pour un colloque, Marianne, chercheuse universitaire, tombe follement amoureuse d’André, conseiller culturel à l’Ambassade de France. De retour à Bagnères-de-Bigorre, ville natale du diplomate, ils se marient, ont de beaux enfants, et filent le parfait amour pendant 10 ans. Marianne enseigne pendant qu’André, plus âgé et déjà à la retraite, s’occupe à merveille du foyer.

Or ces deux routes vont se rejoindre inexorablement, et bientôt le passé va ressurgir pour venir menacer la paisible vie de famille. Tout le talent de l’auteur réside dans la toile qu’il tisse pour que le doute assaille le lecteur tout comme il assaille Marianne : quel secret cache donc André, qui a pourtant le profil du père et du mari parfait ? C’est ce que va tenter de découvrir son épouse, dont les certitudes vont s’écrouler une à une à mesure qu’elle va mener l’enquête.

Dans ce roman ultradocumenté aux scènes parfois jubilatoires, les illusions se superposent avec une précision chirurgicale jusqu’au final inattendu, marque de fabrique des romans de Diego Arrabal.

Les illusions ne sont pas toujours celles que l’on croit.